mercredi 16 juillet 2014

Georg-Friedrich HAENDEL (1685-1759)   par Jérôme



" Nombreuses sont les pierres du chemin, les années de ma vie. Le petit garçon de La Halle est le premier frère du vieil aveugle de Londres. Entre eux se glissent, les séparant, des apparences d'hommes. L'enfant qui naiît à la musique et de qui, naît la musique, l'enfant est là, qui ne bouge plus écrasé sous sa perruque trop lourde, vieil enfant aveugle".


Peu avant sa mort, Haëndel traçait ces mots d'une écriture accidentée et déclinante mais d'une haute et pathétique espérance spirituelle, moment où ses yeux s'éteignirent, usés par un travail forcené et achevés par un chirurgien aux dons approximatifs...

L'HUMOUR DE HAENDEL


Charles Burney, altiste dans l'orchestre du maître et écrivain, dresse un portrait de Haëndel très haut en couleur. 
Il nous explique que l'allure générale du compositeur était lourde et sombre, mais quand il lui arrivait de sourire, c'était comme le soleil sortant d'un nuage noir. Il continue en précisant qu'il y avait chez lui un éclair d'intelligence, de charme et de bonne humeur qui rayonnait de toute sa personne.
Pour preuve, lorsque Haëndel s'emporta contre un musicien amateur incapable de déchiffrer un des airs du Messie, la réponse: "je sais déchiffrer mais pas à première vue" le fit éclater de rire!

Une autre fois, le petit-fils d'un ami du compositeur raconte qu'un soir, Haëndel voulut avoir l'opinion de son grand-père à propos d'une pièce pour orchestre qu'ils entendaient. Ce dernier répondit:  "Cela ne mérite pas qu'on s'arrête pour l'écouter: c'est un bien pauvre morceau!" Haëndel, sans se fâcher dit: "C'est ce que je pensais moi-même après l'avoir écrit"!

UN APPETIT INSATIABLE

Charles Burney nous raconte la merveilleuse anecdote ou Haëndel invitant des amis à sa table, un soir, répétait souvent: "oh! j'ai une idée!" et sortait de table.
Les convives ne voulant pas que le public fût privé d'idées musicales précieuses, l'invitèrent à se retirer et à les noter par écrit. Toutefois, il accéda à de telles demandes qu'un des convives, plein de soupçons, eut la curiosité de regarder par le trou de la serrure dans la pièce voisine: il s'aperçut que ces "idées" ne s'adressaient qu'à un panier de bouteilles de vin de Bourgogne alors qu'il régalait ses invités d'un vin de Porto plus vigoureux et de bien moindre qualité!

On raconte également qu'arrivant seul dans une auberge, il commanda un repas pour trois personnes. Alors que l'aubergiste tardait à le servir, il lui demanda, impatient,ce qui le retardait: "Mais j'attends que tous les convives soient là.." Haëndel éclatant de rire lui répondit:" Les convives, c'est moi. Apportez le dîner prestissimo!"
UNE FORCE DE LA NATURE

Au-delà de toute anecdote, Haëndel apparaît comme un homme doté d'une très grande force physique et d'un robuste caractère, ce qui ne sera pas sans conséquence pour sa musique. 
Autant la musique de Bach révèle un homme prévisible et régulier, un poète sensible d'une créativité inépuisable, autant celle de Haëndel révèle une spontanéité touchante, parfois facile, volontiers capricieuse mais combien séduisante et accessible aux esprits les moins disponibles.

Mais il est aussi doté d'un esprit large qu'il ne cesse d'accroÎtre par l'étude de ses prédecesseurs tels Froberger et Buxtehude et lors de ses nombreux voyages en Italie par la rencontre de Domenico Scarlatti, Bernardo Pasquini et encore Arcangelo Corelli.

LES CRITIQUES DU XVIII ème AU XXème SIECLE.

L'oeuvre de Haëndel n'a jamais fait l'unanimité: hier comme aujourd'hui. Nous n'essayerons pas de convaincre les récalcitrants. Il est amusant seulement de relever quelques jugements aussi péremptoires
que superficiels.
Jennens, le librettiste du Messie, fut défavorable à l'oeuvre à laquelle il avait participé:

" Son Messie m'a déçu: il fut écrit en grande hâte alors qu'il disait que cela lui prendrait un an et qu'il en ferait sa meilleure oeuvre. Je ne lui remettrai plus de paroles sacrées entre les mains pour qu'il en abuse."
Hector Berlioz parlant de Haëndel utilisa ces mots peu flatteurs:" La lourde face emperruquée de ce tonneau de porc et de bière qu'on appelle Haëndel."
Cosima Wagner écrivit en 1876 que:" Richard s'étonne de la banalité des oeuvres de Haëndel et continue de penser que ce n'est pas un musicien." (!)

En revanche, Frédéric Chopin, Franz Liszt, Franz Schubert, le prirent comme modèle, et plus encore Beethoven : "Je voudrais me découvrir et m'agenouiller sur sa tombe."

"Un aveugle, il faut le conduire par la main. Mais moi, je marche encore où je veux. Moi l'aveugle, je connais ma lumière. Personne ne peut m'enfermer, moi le Voyant."G.F. Haëndel

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